Kultur28. Mai 2021

Une nouvelle pièce de Jean-Paul Maes, Kaleidoscop Theater Bettembourg

»En ausgetrëppelte Schong«

de Michel Schroeder

Acte I : nous sommes en 2020. Le premier confinement, pour raison de Coronavirus, a été décidé. Dans notre pays, tout comme chez nos voisins, proches ou lointains, plus grand-chose ne bouge. On reste chez soi. On a peur. Peur de cet inconnu, de ce foutu virus qui, encore plus d’une année plus tard, ne nous a pas encore vraiment rendu nos libertés.

Acte II : l’écrivain, metteur en scène et acteur est chez lui. S’ennuie-t-il vraiment, ou cogite-t-il déjà un projet, un projet qui lui tient à cœur depuis bien longtemps maintenant. Ecrire une nouvelle pièce de théâtre. Signalons que le public, lui aussi, attendait qu’il se mette au travail, qu’il écrive une nouvelle pièce. Parce que cet auteur, il en possède du talent.

Acte III : il est vraiment seul chez lui ? Voilà que j’ai exagéré, bon, mais c’est connu, les journalistes ont un faible pour l’exagération, çà pimente un peu. Vous ne me donnerez pas tort. Bon, ok, il n’est finalement pas vraiment seul chez lui, car il est entouré de ses chats, des chats de la famille. 

Acte IV : les miaulements de ses chats et les soins qu’il doit leur prodiguer lui laissent beaucoup de temps libre pour écrire. Son épouse est bloquée au Portugal. Sa fille l’est aussi, mais à Berlin. Il creuse. Son sujet sera un sujet sociétal assez brutal.

Bonjour ou bonsoir Cher Jean-Paul Maes, j’étais enchanté le soir où je suis venu assister à la première représentation de ta toute nouvelle pièce, au Château de Bettembourg, où toi et la formidable équipe du Kaleidoskop Theater avez déposé vos valises pour le plus grand bonheur du public, offrant des saisons théâtrales de très belle qualité, ce depuis quelques années maintenant.

Jean-Paul Maes a donc eu du temps pour écrire sa nouvelle pièce, un drame, surfant sur les vagues de la comédie, du vaudeville, avec ce gros brin d’analyse sociétale comme je les aime et les approuve.

Finalement, «En ausgetrëppelte Schong» est une pièce que l’on peut voir, regarder et apprécier à plusieurs degrés. Je vous conseille, chères amies lectrices et chers amis lecteurs, le jour où vous irez voir la pièce, de vous divertir, mais de vous laisser également gagner par votre veine critique. Et vous ne manquerez de vous remettre en question, de remettre en question bien des façons que notre société a, de voir certaines problématiques, de les occulter même.

C’est très subtilement, que l’auteur Jean-Paul Maes parvient à vous balancer à la figure, ce qui l’a titillé en écrivant cette pièce. Oui, nous allons bien souvent passer des vacances All inclusive dans des pays, où, la vie des populations locales n’a pas grand-chose d’All inclusive, si ce ne sont les problèmes importants qu’ils doivent surmonter. Et ce n’est souvent pas pour rien s’ils fuient leur continent, avec l’espoir, de trouver ailleurs, un peu de mieux-vivre.

Un couple vient de passer des vacances au Sénégal, avec leur fille adolescente. Ce couple bat de l’aile. Ils trichent fameusement l’un avec l’autre. Lorsqu’ils défont leurs valises, un soulier usé tombe de la valise de Monsieur.

Son épouse imagine une relation extraconjugale.

Les reproches fusent.

L’homme raconte qu’il sait que tous les matins, une brigade spéciale retire les cadavres des candidats à l’immigration, de ceux et celles qui ont tenté de quitter le continent, mais qui ont fait naufrage et dont les corps ont été refoulés. Tandis qu’eux sont allés passer quinze jours de vacances dans cette région paradisiaque ! L’épouse rétorque que si des familles n’allaient pas passer des vacances dans ce pays, que la pauvreté y serait encore plus grande.

L’homme reproche à son épouse son aveuglement.

Tout au fil de la nouvelle pièce de Jean-Paul Maes il y a des tiraillements, des propos qui volent bas, de la musique, de la danse, des coups de colère. Oui, nous sommes dans du vaudeville, mais du vaudeville qui vous invite à réfléchir, à vous remettre en question, à remettre en question bien des façons de voir et de penser de notre société de surconsommation.

Si vous assistez à l’une des dernières représentations au Kaleidoscop Theater, vous nous donnerez votre avis.

Sur scène, Nora König et Marc Baum. Régie, Fabio Godinho, scénographie, Marco Godinho, à la technique Roland Jakobi, assistante, Brigitte Bintz.

Prochaines représentations : «En ausgetrëppelte Schong», de Jean-Paul Maes. Salle de spectacles du Château de Bettembourg : les 28, 29 et 30 mai.

Réservations : Tél. 621 593 616, ticket@kaleidoskop.lu