Konschthal Esch, expo visible jusqu’au 21 septembre
Plus de 200 travaux de Bert Theis à découvrir
C’est à la Konschthal d’Esch-sur-Alzette qu’est présentée la première grande exposition qui s’intéresse au rôle du collage dans l’œuvre de l’artiste luxembourgeoise Bert Theis. Vous y verrez plus de 200 travaux réalisés par l’artiste réalisés par l’artiste au fil de plusieurs décennies. Le commissaire de l’exposition est Marco Scotini. Il est, notamment, le chef du département des arts visuels de la Nuova Accademia di Belle Arti Milan et Rome. La curatrice est Charlotte Masse. L’exposition «Bert Theis, pour une philosophie collagiste» est organisée en collaboration avec Bert Theis Archives.
Cette exposition tente à montrer que le travail de l’artiste témoigne d’une volonté d’étendre sa typologie du collage à l’espace physique et social. Bert Theis a été un artiste activiste engagé dans la politique envers la société civile et la justice sociale.
Un parcours constitué de nombreuses réussites
Bert Theis, né en 1952, décédé en 2016, a vécu et travaillé à Luxembourg et à Milan. L’artiste a toujours conçu ses œuvres pour les placer directement dans les espaces extérieurs d’une ville, même s’il est devenu célèbre pour sa participation à de nombreuses expositions internationales importantes, de la Biennale de Venise, au Skulptur Projekte à Münster, à Manifesta 2 ou encore à la Biennale de Gwangju en Corée du Sud. L’hypothèse d’une société guidée par une consommation excessive constitue la toile de fond commune des œuvres de Theis. Ses réalisations tentent d’inciter les gens à se tourner vers l’intérieur, vers les espaces, les lieux de repos et les plates-formes de détente, avec une référence explicite aux îles idylliques, à l’utopie d’une terre vierge.
Avant de devenir artiste, il a d’abord été instituteur. Il a notamment enseigné dans un village luxembourgeois à forte proportion d’habitants d’origine portugaise, au sein duquel il s’est engagé pour une meilleure intégration des enfants étrangers dans le système scolaire.
Une exposition complète
Bert Theis a commencé à expérimenter les techniques du collage et de papier déchiré au début des années 1980, alors qu’il étudiait à Urbino, en Italie. Qu’il s’agisse de simples coupures de journaux sur papier ou d’assemblages complexes de textes, d’images, de textes et de dessins à l’aquarelle sur divers supports, les ciseaux et la colle furent ses principaux outils artistiques tout au long de cette décennie.
Dans la première partie de l’exposition sont présentées des œuvres moins connues, telles que Chaocoll, Materialcollages, Piccolage, ainsi qu’une série de collages réalisés pour deux recueils de poésie de l’auteur luxembourgeois Robert Gollo Steffen.
La seconde partie de l’exposition est dédiée à Plattforms et Pavillons pour espaces publics, alors qu’à cette époque il rompt définitivement avec la peinture.
La pièce maîtresse de l’exposition est «Parabel vom Wasserbecken», un projet de livre inachevé datant de 1986, récemment exhumé des archives de l’artiste et publié à titre posthume. Prenant la forme d’une satire du capitalisme basé sur «Equality», roman très lu dans les milieux socialistes et anarchistes de l’époque, il témoigne de l’influence des romans collages surréalistes de Max Ernst.
Bourgeois et prolétaires
C’est pour des raisons artistiques et politiques que Bert Theis a réalisé le projet «Parabel vom Wasserbecken» (La parabole du réservoir d’eau). Des images de capitalistes à têtes de rapaces en habits bourgeois du XIXème siècle et de prolétaires à têtes de poisson en habits du peuple se détachent sous la forme de silhouettes couleur moutarde sur des paysages peuplés d’instruments de physique et de mécanique, de diagrammes scientifiques et de fauteuils de style Empire.
Bert Theis a toujours cité Max Ernst parmi ses maîtres à penser. Il fait de ce roman une lecture strictement marxiste et y voit un véritable manuel pratique pour la lutte des classes, comme en témoigne la série de notes qu’il adjoint au texte dans son propre pamphlet.
Il a pressenti les menaces de la société bourgeoise sur l’individu
Lorsqu’en 1981, la Galerie Terre Rouge organise l’exposition «Bert Theis, Zeichnungen Collagen Druckgrafik«, le communiqué de presse qui l’accompagne prend une tournure résolument politique. Il nous apprend que l’artiste considère ses œuvres exposées à Esch comme des expériences qui visent à confronter de manière implacable les menaces qui pèsent sur l’individu dans la société bourgeoise.
Pour se faire, il ne se réfère pas tant à l’actualité qu’aux conditions qui caractérisent la société actuelle, la censure et la manipulation qu’elle fait subir aux personnes.
La Konschthal Esch se situe au 29-33, boulevard Prince Henri à Esch-sur-Alzette. Elle est ouverte le mercredi de 11 à 18 heures, le jeudi de 11 à 20 heures, le vendredi, samedi et dimanche de 11 à 18 heures.