Jean-Paul Maes
«Ee Päerderchesspill», une pièce sociopolitique en langue luxembourgeoise
L’engagement social de Jean-Paul Maes, auteur et acteur, est indéniable. Quasiment toutes les pièces de théâtre écrites par Jean-Paul Maes, ont pour terrain la société de notre pays. On peut affirmer qu’elles s’inscrivent dans ce que l’on définit comme étant la tradition du théâtre populaire sociopolitique.
Avec la nouvelle pièce de Jean-Paul, «Ee Päerderchesspill», il en va de même. Maes n’a jamais hésité d’appeler un chat un chat, n’en déplaise aux empêcheurs de tourner en rond.
Monsieur Sunnen, interprété par Claude Faber, est forain. Il vit dans un appartement, relativement insalubre, limite ! Mais il n’a pas les moyens de louer un appartement plus confortable. Être forain, de nos jours, n’est visiblement pas un job grâce auquel il est possible de bien gagner sa vie. Sunnen est propriétaire d’un manège de chevaux de bois, pas un de ces manèges comme le public en raffole, avec orgue de barbarie, mais un petit manège de rien du tout. Il travaille beaucoup, il a toujours beaucoup travaillé et il ne souhaite pas cesser son activité. Et puis, pour faire quoi ? Il n’est plus très jeune, notre Monsieur Sunnen.
Claude est un artiste, il ne vit guère avec ses pieds sur terre. Résultat de cette vie flegmatique : il ne savait même pas que les propriétaires de l’appartement qu’il occupe, sont décédés. Un vieux couple.
Surgit la pompeuse et très embourgeoisée Madame Dondelinger. Dame Dondelinger serait la digne successeure de feu les proprio de l’appartement. Cette nièce fort éloignée qui ne s’est jamais occupée de sa tante et de son oncle, n’a qu’une seule, idée en tête : augmenter le loyer de Monsieur Sunnen.
Sur scène, les deux acteurs jouent de façon fort convaincante. Le public est vite pris dans l’action de la pièce. Jean-Paul Maes possède tout l’art nécessaire pour rendre ses pièces proches de la réalité, à l’aide dialogues pointus. Au fil de la pièce, on rit, on se sent solidaire, indigné. Merci Jean-Paul.
Madame Dondelinger se moque du manège de chevaux de bois de Monsieur Sunnen. Oh, dit-elle, jadis de très nombreux forains habitaient à Bertrange. Mais Bertrange s’est bien transformée depuis cette époque, les loyers, eh bien, les forains ne sont plus capables de les payer et ils ont quitté Bertrange, pour le plus grand bien de tous. Madame Dondelinger est raciste, fort raciste est incapable de compassion.
Les forains, c’est de l’engeance, de la basse classe, explose Dame Dondelinger : et puis, cher Monsieur Sunnen, je ne vous cache pas que vous serez bien incapable de payer le montant du loyer, tel que je viens de l’augmenter.
Jean-Paul Maes exprime, au travers «Ee Päerderchesspill» ses préoccupations concernant l’augmentation des loyers, le chauvinisme bourgeois, les moqueries de la classe sociétale aisée envers les parents pauvres de la Société.
Maes jette un regard critique sur une société complexe en pleine mutation. Ainsi, les petits-bourgeois sont représentés comme des personnages avides d’argent. Madame Dondelinger cache, dissimule ses actions égoïstes derrière une monde d’apparences, une effroyable et lamentable façad.
Etant donné que «Ee Päerderchesspill» sera encore jouée, dans les mois à venir, ne manquez surtout pas d’assister à l’une de ses futures représentations.