Kultur29. November 2023

Rainy days 2023

À l’écoute de cinq compositeurs de chez nous et d’une autrice

de Michel Schroeder

À la tête du Festival d’automne Rainy Days à la Philharmonie, une talentueuse compositrice luxembourgeoise que nous avons déjà eu, à plusieurs reprises, l’honneur de présenter dans les pages de la «Zeitung vum Lëtzebuerger Vollek». Au Centre National de l’Audiovisuel, Dudelange, elle a eu accès à tous les enregistrements de l’Orchestre d’RTL et a puisé dans maintes archives, afin de mettre en place un parcours dédié aux compositeurs luxembourgeois. Si le thème di Festival 2023 des Rainy Days a été la mémoire, il faut savoir que Catherine Kontz a, elle-même, composé plusieurs œuvres ancrées localement, comme, par exemple, «Rêves de Moselle», ou «Voix des Terres Rouges».

Catherine Kontz a demandé à cinq compositeurs luxembourgeois, ou résidents au Luxembourg, de composer une pièce d’après une photo de leur enfance.

Nous avons assisté au concert lors duquel ces cinq compositions furent jouées par l’ensemble Ars Nova Luxembourg. Entre chaque pièce, Carla Lucarelli a lu des extraits de son très beau texte, «Enfance, instantanés», livre publié aux Editions Phi.

Nous eûmes le plaisir de découvrir les pièces suivantes:

«Daughter», de Sophie Balbeur, «Taille ni», de Nik Bohnenberger, «Just seems so», de Camille Kerger, «La porte des souvenirs», d’Albena Petrovic, «Echoes of a Fading Memory», de Roby Steinmetzer.

Cédons la parole à ces brillants compositeurs dont nous avons fait connaissance.

Sophie Balbeur: L’amour maternel m’a inspiré «Daughter». Il en émane beaucoup d’émotions, je voulais que les harmonies dégagent quelque chose de doux et d’universel. Lorsque je créé je suis particulièrement habitée de sensibilité, mes œuvres sont donc surtout conçues avec du ressenti.

Nik Bohnenberger: Je suis, avec mes deux mètres, une personne de grande taille. Souvent je souhaite être petit pour me fondre dans la masse, afin que l’on jette moins de regards sur moi. Je voudrais redevenir ce petit garçon que j’ai été.

Camille Kerger: C’est avec, proche de moi, puis dans la mémoire que j’ai composé «Just seems so», une photographie prise en 1932 dans mon village natal, Ell. Dans un coin, on peut voir la forge de mon grand-père, derrière l’épicerie de Märichen Peiffer. L’atmosphère qui se dégage de cette photo est paisible, presque idyllique. Mais tout cela fait partie d’un faux-semblant. Tout simplement parce que je n’ai pas de trop bons souvenirs de mon enfance à Ell.

Albena Petrovic: Je n’avais pas à disposition de photos prises durant mon enfance. Pour trouver l’inspiration nécessaire à «La porte des souvenirs», je suis donc allée revoir et photographier la maison de mes grands-parents où j’ai passé mon enfance pendant que mes parents menaient leurs études et carrières respectives. Ma pièce est inspirée par une photo prise récemment de la maison abandonnée de mes grands-parents et arrière-grands-parents. C’est la photo d’une porte, derrière laquelle mon arrière-grand-mère faisait se réunir toute notre nombreuse famille, et derrière laquelle mon enfance se déroulait.

Roby Steinmetzer: Ma pièce «Echoes of a Fading Memory», est une brève réflexion musicale sur ma conception de souvenirs très personnels qui se fanent. Nos souvenirs, tout comme toutes nos pensées sont quelque chose de très personnel, voire de très intime. Au fil des années, ils occupent une place de plus en plus importante dans notre vie, même si beaucoup d’entre eux perdent de leur précision avec le temps.

Nous nous sommes plongés avec délectation dans ces compositions des temps présents.