Ricardo Piglia est une figure majeure de la nouvelle littérature de l’Argentine. Son roman La ville absente vient d’être publié aux Editions Zulma. (www.zulma.fr). A travers son livre, des obsessions et des questions. Le questionnement du langage et du temps. Il y a le gaucho invisible, la petite fille rousse, la jeune fille muette…Mais aussi Mac Kensey, qui a reconstruit son cottage en Patagonie et vit suspendu aux ondes de la BBC, la danseuse du Majestic et sa passion pour un gangster coréen. Ce roman est une succession d’histoires qui s’enchevêtrent et font revivre des personnages historiques, tels Macedonio Fernandez et Evita Peron. Un texte magnifique.

Admirables également les nouvelles de Kate Atkinson, écrivaine talentueuse reconnue depuis la publication de son roman Dans les coulisses du musée, pour lequel elle obtint le Prix Whitebread en Grand-Bretagne et le Prix du Meilleur Livre de l’année en France. Son recueil de nouvelles vient d’être publié aux Editions de Fallois sous le titre On a de la chance de vivre maintenant. C’est avec plaisir que j’ai retrouvé la plume ironique et poétique de l’auteur. Kate Atkison jette sur notre monde un regard tantôt critique, tantôt émerveillé. Elle nous plonge dans un univers où les choses ne sont jamais tout à fait ce que l’on croit !

C’est aux Editions Syros que vient d’être publié le très beau roman de Romain Slocombe, sous le titre Qui se souvient de Paula ?, dans la collection »Rat Noir Syros« . Ce roman se situe entre le polar et le roman qui ravive la mémoire. Ici, la mémoire, c’est la terrible rafle du Vel’d’Hiv’. Les Juifs emmenés, emportés, faits prisonnier dans la France des Droits de l’Homme……IL effectue son enquête, IL veut savoir, IL va chercher dans les coins les plus obscurs de la mémoire, Il va chercher si quelqu’un se souvient encore de Paula.

Pierre Guérande est poète et psychologue. Il publie peu, très peu. Lorsqu’un nouveau recueil de Pierre Guérande glisse de l’enveloppe sur mon plan de lecture, je le prends précautionneusement et part à la découverte des mots, des rives, rivages, passions et images du poète : Le chant de l’orgue surgira / de la haute montagne / et de cette vaste clairière / la strette vive du hautbois. / Minéral aveu des entrailles / pour l’hirondelle de passage / et pour la torpeur des banquises / la nuit flamboyante des rois. (P.G.) Le recueil Endoréisme, suivi de l’Embellie sur la plaine de Pierre Guérande a été publié chez Le Vert-Galant Editeur. (www.vert-galant.com)

Françoise Dorin, célèbre parolière, auteur de nombreux textes pour le théâtre, connaît, depuis 1976 et son premier roman des succès ininterrompus. C’est aux Editions Plon que vient d’être publié le dernier livre de Françoise Dorin : Les lettres que je n’ai pas envoyées. Elle adresse, sous forme de lettres tous azimuts, ses engueulades, son affection, son admiration, ses agacements, ses encouragements, sa compassion. Elle écrit à celui qui aurait pu être son amour de jeunesse, mais n’a été qu’une »erreur« de jeunesse. Elle donne des recettes à une amoureuse du troisième âge. Elle essaye de convaincre l’obsédée des calories qu’elle est beaucoup plus charmante avec quelques centaines de grammes de plus. La plume de Françoise Dorin est comme toujours alerte, ironique, incisive, élégante et charmante. Tendresse, humour et causticité sont au coin de chaque page. Mais aussi sagesse et philosophie.

Charleston Sud de Pat Conroy, publié aux Editions Albin Michel (www.albin-michel.fr) est un véritable hymne à la magnifique ville sudiste de Charleston, dont l’auteur est originaire. C’est aussi à travers une multitude de personnages pittoresques, l’histoire d’une génération sur plus de vingt ans, de 1969 à 1990. Ce « casting » sudiste étonnant nous entraîne de rebondissement en rebondissement jusqu’à Hollywood et San Francisco, tout en réservant à Charleston le dramatique dénouement, le jour où l’ouragan Hugo frappa la ville. Un roman d’une force rare.

Quotidiennement, sur »France Musique« , Alain Gerber, écrivain et spécialiste incontesté du jazz, réinvente la vie d’un musicien. Aujourd’hui il publie Blues aux Editions Fayard (www.editions-fayard. fr). Le Sud est vaincu, les maisons blanches ne sont plus que des ruines, les champs de coton sont en friche. Et les esclaves sont libres. Pourtant, pas un cri de joie. S’ils ne sont plus esclaves, les noirs du Mississipi n’en demeurent pas moins des nègres humiliés. La frontière, la »ligne« reste réelle entre les états de l’ancienne confédération et les autres. Nehemiah, le pianiste de génie, la gloire des bas quartiers, le virtuose des bastringues peine à croire que la vie puisse être plus belle ailleurs. Si son blues vrille le cœur, c’est qu’il a compris que les noirs d’Amérique ne franchiront jamais cette foutue ligne. Retrouvez des CD de jazz sous la Direction d’Alain Gerber chez Frémeaux et Associés (www.fremeaux. com) : »Jazz, 36 chefs d’œuvre« (Volumes 1 et 2), avec les grands du jazz : Bessie Smith, Jelly Roll Morton’s Red Hot Pepper, Art Tatum, Lionel Hampton & His Orchestra, Dexter Gordon, Artie Shaw, Duke Ellington, Ella Fitzgerald……

La mort propagande, le premier livre d’Hervé Guibert, est un texte inouï de violence et de provocation, qualifié par la suite de »prophétique« , tant il annonçait le façon dont Guibert allait être l’un des premiers à écrire et exposer publiquement sa maladie, le Sida. Divisé en huit courts chapitres, c’est à la fois un autoportrait, et une étude du corps, du corps jouissant, du corps anatomique, d’un corps agonisant et enfin du cadavre. C’est un livre unique à inscrire dans la lignée de ceux de Sade, Bataille, ou plus proche de nous Gabrielle Wittkop. A lire ou à relire. Aux Editions Gallimard. (www.gallimard.fr)

Dans la collection »Les Grandes Destinées« , nous avons découvert chez Folio Gallimard (www.folio-lesite.fr) : Arthur Rimbaud par Jean-Baptise Baronian ; Andy Warhol par Mériam Korichi ; Alexandre Le Grand par Joël Schmidt.

Michel Schroeder