Kultur09. Juli 2022

Portrait d’un artiste alchimiste

Un après-midi dans l’atelier – jardin d’Arthur Unger, 90 ans

de Michel Schroeder

Ils seront fêtés cet automne lors du Salon du CAL au Tramschapp ! Deux artistes doyens seront, en effet, largement honorés lors de cette grande exposition du Cercle artistique Luxembourg, Germaine Hoffmann et Arthur Unger. Le «Zeitung» tient à féliciter ces deux artistes pour leur infatigable créativité tout au long de nombreuses décennies.

Notre visite chez Arthur Unger s’est déroulée dans cet endroit de calme et d’inspiration où il crée la majeure partie de ses œuvres : un jardin / atelier situé à un endroit idyllique, à Merl. Nous l’y avons rencontré, des membres de sa famille étaient présents, entre autres sa fille Dany Unger, également artiste, ainsi que des artistes, tels que Robert Brandy et Raynald Nord, et de nombreuses admiratrices et admirateurs. Il faisait beau, le soleil était de la partie, le bonheur rayonnait sur les visages et Arthur, accueillant et fraternel, a raconté sa ou ses façons de travailler.

Son lieu de travail est chargé d’inspiration. La Pétrusse s’écoule paisiblement ici, enfin ce jour-là, car parfois elle se transforme en sauvageonne. Sur le lieu de travail de l’artiste, il y a un vieux pont, pour parvenir à son atelier, il faut gravir un rude escalier. Çà en vaut la peine, croyez-moi ! Car dans cet atelier qui surplombe cet endroit magique et somptueux, ainsi que dans tout le jardin, le souffle secret et sacré de l’art vous submerge et vous procure un bienfait immédiat.

Là où travaille l’artiste, jadis c’était une résidence d’un maréchal de France, puis d’un gros paysan. Le mur a été construit à l’aide de pierres de la Forteresse. Par le passé, là où son atelier surplombe le domaine, c’était une serre. Et çà là qu’il crée son œuvre immense et belle, notre ami Arthur Unger !

Il connaît la Chine comme sa poche

Arthur Unger est né le 11 juillet 1932, faites le compte ! 90 printemps et une inspiration divine, toujours à l’écoute de ses muses. Il a effectué ses études à Luxembourg et à Bruxelles. Il a vécu pendant de nombreuses années, à partir de 1956, dans les tribus Lunda et Baluba, au Congo belge. Un séjour qui a exercé une influence prédominante sur son œuvre.

Arthur Unger connaît la Chine comme sa poche, pays où il a souvent été invité et voyagé, où il a exposé ses travaux à de nombreuses reprises.

L’artiste est taoïste, le taoïsme étant l’un des piliers de la pensée chinoise. Il adhère à l’universalité du taoïsme et dit que chaque chose et chaque individu possèdent deux aspects, l’un féminin, l’autre masculin. Aucun individu n’est tout à fait bon, ni tout à fait mauvais.

Un esthète à part entière

Je suis un alchimiste, nous a-t-il confié, un alchimiste avec les secrets de fabrication. Ma spiritualité, vous la retrouverez dans le liquide des encres que j’utilise. Il a commencé par réaliser ses premiers dessins à la gouache, à Paris. Puis, à Luxembourg, il a poursuivi son aventure picturale en travaillant avec l’encre de Chine, inspiré par les calligraphies asiatiques, ainsi que, progressivement, en développant sa peinture sur cuivre électrolytique. Son œuvre aux couleurs chaudes, veloutées et très proche de ce que la nature exprime, prend naissance à l’aide de la matière et du feu.

«Les feuilles de cuivre remplacent la toile, j’obtiens mes couleurs par l’incidence du feu et du chalumeau sur la matière de cuivre. Ce procédé répond à mes visions du continent africain, là où le minéral et le végétal, l’animal et l’humain sont transcendés», nous a-t-il expliqué.

Arthur Unger est un virtuose, inlassablement bercé par ce merveilleux besoin de création qui le transforme en esthète à part entière.

Il grave le cuivre à l’aide du feu