Kultur

Entre – Vues de Serge Koch au ... Crédit Suisse

L’année passée cet artiste polyvalent, dont les fidèles lecteurs de la Zeitung vum Lëtzebuerger Vollek ont pu suivre depuis une demie douzaine d’années l’évolution et les multiples expériences, nous étonnait une fois de plus. C’était à Luxembourg ville, au Konschteck ErwuesseBildung, 5 avenue Marie-Thérèse et il y présentait sous le titre « Passages... » quelques vues citadines pour le moins insolites. Aussi n’hésitai-je pas à « parler » dans mon article du 23 octobre 2008 avec un authentique enthousiasme de mon premier coup d’oeil dans « la grande salle, où les dernières créations de Serge Koch s’étalent dans toute leur splendeur... ». Exagéré !? Non, précisai-je, « ... le mot n’est pas trop fort, (...) aussi, cette vaste salle qui en a vu passer, des artistes, se pare aujourd’hui d’une reconsidération panoramique urbaine sans pareil... »
Autant vous dire qu’aujourd’hui, sept mois plus tard, je persiste et signe. Certes, en dépit de toute leur bonne volonté, les organisateurs de l’exposition au Crédit Suisse (1), ne disposent pas d’une salle comparable au KEB et les tirages plus grands sont insuffisamment valorisés aux murs de ses pièces et couloirs assez exigus. Cependant, la qualité, la vivacité et l’origina-lité des photos présentées restent visibles malgré le manque de recul et l’éclairage par endroits peu avantageux. C’est que Serge Koch parvient à voir le « peu visible » là où la plupart des gens passent en regardant ailleurs. Il sait nous faire découvrir ce que nous voyons quotidiennement sans l’apercevoir. Je veux dire qu’il nous montre ce que le commun, le quelconque et le tourmenté, brisé, démoli ont en puissance de résurgent, de beau, d’unique et d’éphémère. Tous ses clichés ont beau être patiemment travaillés ; ce sont des instantanées qui, comme le mot le dit, saisissent l’ins-tant... fugitif, le « no return », le côté périssable de toute construction humaine. Aucun photographe ne pourra refaire les mêmes photos dans quelques jours, semaines, mois ou années. Alors, au vu de ces 43 exceptionnels tirages en noir et blanc, je me dis que ce plaisir valait bien l’inconvénient de renifler le parfum des “private– & investment banking”, “alternative investments“ et autres “asset managements”, dans l’ambiance feutrée d’une grande banque.
Ambiance affectée et artificielle vite oubliée face aux magistrales compositions “Arcelor-Mittal 1“, où le vénérable bâtiment d’ARBED semble disparaître petit à petit entre deux mâchoires d’acier (devinez lesquelles !). Ou bien cette autre disparition programmée, celle de l’immeuble “Monopol, Avenue de la Liberté“ ; ou ce détail de “Monopol, avenue de la Gare“. Et que dire de ce subtil jeu de contrastes, où un magnifique clocher, respectivement des bâtiments Belle époque semblent lancer un regard de commisération sur une architecture contemporaine bâclée et périssable dans “Konz I, Av. de la Gare“ ou dans “Konz II, rue Bourbon“. Quant à l’armée de robots impassibles, l’air d’attendre l’ordre d’exécution de quelque mystérieux massacre, représentés par des bouteilles de gaz dans le chantier “Monopol III, Av. de la Gare“, elle peut donner froid dans le dos. On imagine en effet plutôt ce cliché dans l’album photo d’un film de science fiction horrifique que dans un dépliant de l’office du tourisme.
Voilà, amis lecteurs, je m’arrête là, car cette fois j’aimerais bien laisser un peu plus de place à l’illustration que d’habitude. Un tuyau pourtant : si vous avez raté la précédente exposition de Serge Koch, expo qui préfigurait déjà celle d’aujourd’hui, voyez donc sur http://sergekoch.free.fr/. Là vous cliquez en haut sur photos et, dans la nouvelle page, sur Expositions, puis sur “PASSAGES / Luxembourg - Venise“au Konschteck Erwuessebildung 2008 (avec Nathalie Soldani) et vous m’en direz des nouvelles. Dans les autres rubriques de ce même site vous pourrez d’ailleurs découvrir ses collages, ses créations digitales, peintures, poèmes, etc., c’est-à-dire les nombreuses facettes d’un artiste en éruption constante.
Encore deux mots destinés à ceux qui seraient trop pressés pour consulter Internet. Serge Koch est un ancien membre des groupes artistiques LAC et ARC et est aujourd’hui membre du CAL, Cercle artistique de Luxembourg (2), de l’atelier de gravure Empreinte (3), ainsi que du groupement DOFIR fondé en 2007 par les artistes Jessica David, Serge Koch, Anne Reding, Nathalie Soldani et Mark Theis.(4)

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1) Dans le passage marchand (1ère entrée à droite) 56, Grand-rue, Luxembourg ville, tel. 460011.1. L’exposition peut être visitée jusqu’au 17 septembre. Voir aussi www.cal.lu/documents/invit_KochMai2009.pdf

2) voir aussi www.cal.lu/

3) voir aussi www.lempreinte-gravure.com/empreinte.html

4) voir aussi www.scriptomanie.com/sergekoch/ dofir.html, ainsi que mon article dans la Zeitung vum Lëtzebuerger Vollek du 6.2.2007 : « Serge Koch et Consorts Am Duerf, ou Les Mystères de Steinsel ».

Giulio-Enrico Pisani