Luxemburg

Diplôme d’Etat luxembourgeois d’assistant social

Une 4ème année synonyme de précarité

de

Si une personne souhaite pratiquer la profession d’assistant social au Luxembourg, elle doit être titulaire d’un diplôme de niveau bac+3 (bachelor), et avoir réalisé une 4ème année de formation au Luxembourg, consacrée en grande partie à de stages pratiques à temps plein, non rémunérés, auxquels se greffent quelques heures de cours théorique hebdomadaires.
Mais si à première vue la 4ème année semble « normale », en fait elle n’est reconnue, ni comme formation d’enseignement supérieur, ni d’enseignement secondaire, et c’est là que le bât blesse.

Car, si durant cette année les étudiant(e)s travaillent à plein temps, en ne percevant ni salaire ni indemnité, il faut ajouter qu’ils ne peuvent bénéficier d’aucune aide financière de l’Etat pour études supérieures et, de plus, ils se voient également refuser tant la prolongation des allocations familiales qu’une modération d’impôts (boni pour enfant). Le résultat, ça coule de source, une situation de précarité pas facile à surmonter.

Le mois dernier il y avait, selon les informations dont dispose le député Claude Adam, près de 30 étudiant(e)s confrontés à une telle situation.
Il a donc interpellé le ministre de l’Enseignement supérieur, François Biltgen, afin de savoir, d’une part, comment il envisageait de venir en aide à ces étudiant(e)s, et de l’autre, ce qu’il compte faire pour solutionner le problème de la non-reconnaissance de la 4ème année de formation pour l’obtention du diplôme d’Etat luxembourgeois d’assistant social ?

Dans sa réponse, le ministre commence par confirmer le fait qu’un étudiant qui souhaite devenir assistant social ne peut bénéficier d’une aide financière pour études supérieures que tant qu’il est inscrit dans une institution d’enseignement supérieur qui dispense cette formation, et que cette règle est valable pour tous les étudiants, tant pour ceux qui accomplissent un bachelor en sciences sociales et éducatives à l’Université de Luxembourg, que pour ceux qui suivent cette formation à l’étranger. Il confirme aussi que pour obtenir le diplôme d’Etat luxembourgeois d’assistant social les candidats doivent avoir accompli un stage de 1.500 heures minimum au Luxembourg, sanctionné par un certificat d’évaluation du stage.

Il explique que c’est la différence « substantielle » entre les qualifications professionnelles renseignées par le diplôme de bachelor et celles exigées pour pratiquer la profession au Luxembourg, qui a entraîné la mise en place de mesures.

C’est ainsi que le candidat, titulaire d’un diplôme étranger, qui souhaite en obtenir la reconnaissance, a le choix entre se soumettre à une épreuve d’aptitude, ou accomplir avec fruit un stage d’adaptation rémunéré (loi du 19 juin 2009), qui devrait, selon le ministre, lui permettre de combler, notamment, des lacunes en matière de droit national.

C’est le règlement grand-ducal relatif à la réglementation des études et des attributions de la profession d’assistant social qui a introduit la « 4ème année de formation ». Le ministre déclare que cette 4ème année, dont il reconnaît qu’elle engendre une situation de précarité chez ceux qui choisissent cette voie, pose également problème au niveau de sa conformité, non seulement par rapport au droit européen mais également par rapport au droit du travail luxembourgeois. C’est la raison pour laquelle, le gouvernement, en concertation avec le ministre de la Santé, envisage d’abroger le règlement en question, et d’organiser la reconnaissance des qualifications professionnelles sur base de la loi du 19 juin 2009.

Conclusion : d’ici-là, une trentaine d’étudiant(e)s sont condamné(e)s à la précarité !

I.P.I