Kultur27. Januar 2024

Vu pour vous au TOLs: «La visite»

Rosalie Maes convaincante jusqu’au bout, dans un rôle de mère épuisée

de Michel Schroeder

Seule sur scène, durant un peu plus d’une heure, l’actrice Rosalie Maes (fille de Jean-Paul Maes) joue son rôle à la perfection, à tel point que son texte, bien difficile à retenir, semble avoir été taillé sur mesure pour elle. Alors que, pour la jeune femme qu’elle est elle-même, elle affronte des situations qui ne font certes pas partie de ses idéaux de vie. Bien difficile ce rôle que la jeune actrice joue avec intensité et immensément bien.

Rosalie ne joue pas le rôle de la jeune mère, elle est la jeune mère, convaincante jus­qu’au bout. Ce texte suscite beaucoup de questionnements et provoque des remises en question!

Dans ce monologue explosif, sans retenue aucune, incisif et introspectif, l’idéal qu’est celui d’être mère est remis en question.

La jeune mère reçoit de la famille, venue tout expressément du Canada pour fêter la venue au monde du bébé. Ni la famille, ni le bébé ne sont les bienvenus. La maman est au bord de la crise de nerf, débordée par toutes ces responsabilités qui lui sont tombées dessus avec la venue au monde de son enfant.

Elle n’était pas prête, trop faible, trop vulnérable. Cette maternité la mine, la met sens dessus dessous, la ronge. Elle vit une angoisse de tous les instants, marquée dans sa chair, dans son âme.

Une femme qui veut des enfants ne se pose pas la question de savoir pourquoi elle veut des enfants, eh bien moi, non plus je ne me demande pas pourquoi je n’en voulais pas. Elle ouvre son cœur au public, froidement.

Sur scène, la jeune maman confie ses défauts. Le cheminement qui a lieu au fil de la pièce est une remise en question. Elle parle de son enfance à elle, du rôle de sa mère, ainsi que de celui de sa grand-mère.

À l’aide de sa pièce, l’autrice Anne Berest, évoque de nombreuses questions ayant trait à la maternité, à la transformation sociale de son identité, au changement du couple, à la solitude, à la culpabilité, aux sentiments qu’on est censé éprouver envers son bébé, aux compétences présupposées innées, au rôle des autres et à leur regard.

On se remet en question, on se pose des questions. Il faut la digérer cette pièce! Oui, quelles ont les raisons pour lesquelles on fait des enfants? Pour soi, pour son partenaire, par convention, par amour, par un désir viscéral de transmettre ce qu’on a de plus beau à transmettre? Comment se positionner quand on entend une partie de la génération actuelle scander que les enfants sont des désastres écologiques.

A propos de Rosalie Maes et de Christine Muller

Rosalie Maes est née en 1988 à Osnabrück, en Allemagne. Elle a grandi au Luxembourg, ses parents sont tous deux artistes. Sa mère est l’artiste peintre Eva Paulin, son père l’acteur, professeur et auteur Jean-Paul Maes.

Après des études d’art dramatique à l’école de théâtre de Mayence, elle a joué dans des pièces, en Allemagne, ainsi qu’au Luxembourg. On se souvient d’elle au E.T.A Hoffmann Theater de Bamberg, au Théâtre National du Luxembourg, aux Théâtres de la Ville de Luxembourg, au Théâtre d’Esch, au Kaleidoskop-Theater...

En 2021, elle a été nommé dans la catégorie «Nowuesstalent» et en 2023 dans la catégorie «Op der Bün, Schauspill» du Lëtzebuerger Theaterprais.

La metteure en scène Christine Muller a commencé sa carrière dans le théâtre dès l’âge de dix-sept ans, en tant qu’actrice, sous la direction de Marja-Leena Kunker et de Myriam Muller.

Elle est l’auteure de Cocons, son premier texte dramatique joué au Théâtre des Capucins dans le cadre du Talent Lab.

Elle a réalisé une co-mise en scène de la performance participative La Rue des Fleurs n’existe pas, avec Laure Roldan et Aude-Laurence Biver, au Grand Théâtre de Luxembourg, ayant pour thème le quartier du Pafendall.

Assister à une représentation dans la salle de théâtre du TOL est toujours une belle expérience, la salle étant petite, la proximité avec les actrices et les acteurs est un must absolu. On se sent fortement incorporé dans l’action.

La mise en scène de cette pièce est de Christine Muller, assistée de Béatrice Paquet, la scénographie – géniale et très originale – et les costumes sont de Christian Klein, la création de la lumière de Manu Nourdin.

Les prochaines représentations de «La visite» au Théâtre Ouvert Luxembourg au 143, route de Thionville à Luxembourg: 27 janvier, 31 janvier et 1er février, 20 heures et le dimanche 28 janvier, 17 heures.

Réservations: tél. 49 31 66