Kultur12. Mai 2021

Sylvie-Anne Thyes au CAW Walferdange jusqu’au 16 mai

Du grand art, simplement, par évidence!

de Michel Schroeder

L’inspiration accompagne incontestablement les réalisations de l’artiste luxembourgeoise Sylvie-Anne Thyes. J’oserais affirmer ici, que parmi les graveurs en vie, elle est l’une des meilleures !

Elle a été professeur d’éducation artistique à l’Ecole des Arts et Métiers. Elle est membre du Cercle Artistique Luxembourg (CAL), elle a remporté plusieurs prix, dont le prestigieux Prix Grand-Duc Adolphe.

Sylvie-Anne Thyes, né le 17 janvier 1946 est une raconteuse d’histoire. Chacune de ses gravures raconte un événement, un rêve, un paysage vu dans la réalité ou en imagination. Je vous invite donc à visiter l’exposition rétrospective «La gravure … ma passion» de Sylvie-Anne Thyes qui se déroule jusqu’au dimanche 16 mai inclus à l’Espace-Galerie CAW à Walferdange, au 5, route de Diekirch. 83 gravures de l’artiste y sont exposées. Cette exposition rétrospective n’en porte pas seulement le nom !

Oiseaux bleus et aigles de pierre (Steinadler)

Sylvie-Anne Thyes, c’est comme l’écrivait déjà André Simoncini, galeriste et poète (hôtelier et restaurateur aussi), du grand art, simplement, par évidence. Aux antipodes des platitudes décoratives et soi-disant expérimentales, elle a su, lentement, très lentement, en digne et rigoureux artisan du trait, percer le miroir.

Lorsque vous aurez terminé la visite de cette exposition qui se déguste comme un excellent cru, votre opinion sur l’œuvre de cette artiste sera particulièrement positive.

Sylvie-Anne Thyes nous fait parcourir des univers sublunaires où planent des nuées ardentes. Les trous noirs, les montagnes, les icebergs et forêts avec leurs nombreux détails, sont souvent présents dans ses gravures.

L’artiste travaille méticuleusement, au coup de cœur, ainsi qu’à l’inspiration. Lorsque vous aurez parcouru cette exposition, surprenante par ses nombreuses qualités, vous garderez encore longtemps en mémoire cet oiseau bleu, qui, porté par ses ailes, s’en va saluer le Steinadler, l’aigle de pierre.

De belles et douces dédicaces à la nature

Soudain un papillon de nuit va surgir du bleu profond, ses ailes déployées.

L’artiste apprécie découvrir les mystères de l’univers et elle vous invite à parcourir ces univers, avec elle.

Elle vous convie à explorer vos propres rêves en les plaçant dans l’azur le plus pur.

Et là, là vous apercevrez Trois Grâces s’abritant à proximité de la source d’un glacier (La Gletscherquelle). Plus loin, la profondeur de ce paysage lunaire va vous surprendre et la blanche Dent de cette immense montagne est une invitation à la méditation.

Les larmes de l’eau prennent bien des libertés. Elles se faufilent parmi des pyramides, dans le but de rejoindre des monts couverts de forêts séculaires. L’artiste a beaucoup voyagé, ses gravures reflètent des souvenirs au pays des pyramides, de Chine, de visites de temples, de contemplations de la nature.

J’ai beaucoup aimé également la série de gravures qui représentent l’automne. Herbstrose, Herbsfarben, sont de doux poèmes dédiés à cette saison entre l’été et l’hiver, douce par excellence. Les gravures sur l’automne sont de belles et douces dédicaces à Mère nature.

Un parcours vraiment exceptionnel !

L’artiste nous a expliqué que dès son jeune âge elle a été fascinée par la gravure. «Dans mon travail, j’utilise différentes techniques dont l’eau-forte, l’aquatinte, le vernis mou… Le gravure me permet d’arriver à transmettre la profondeur et le clair-obscur, allant du blanc au noir total, dû aux différentes étapes du travail de la plaque par l’acide. Les plaques de zinc ou de cuivre sont travaillées en différentes profondeurs de façon qu’y apparaissent des points, des traits, des rayures, des aplats. La plaque est ensuite encrée de la couleur d’imprimerie et reproduite à l’aide de la presse sur du papier vélin. Souvent je superpose, à l’aide d’un rouleau une couleur supplémentaire, afin de donner encore plus de profondeur au dessin. La gravure peut être tirée à plusieurs exemplaires tout en restant un exemplaire original. En partant de la réalité des choses, j’aboutis à des thèmes irréels de la nature, comme les arbres et ses feuilles, les roches et les pierres, la terre et la lune, la mer et les profondeurs des océans, le ciel et la terre, le lever et le coucher du soleil, les nuages, le jour et la nuit. Je pars du réel pour aboutir à l’irréel, au surnaturel, au surréalisme. Je crée de nouveaux espaces et j’exprime de cette façon ma vie intérieure.»

Le public a eu la possibilité de voir des expositions personnelles de l’artiste à Mondorf-les-Bains, à Luxembourg, Echternach, Strassen, Bourglinster, Beckerich, Ludwigshafen, Zurich et Strasbourg.

Je voudrais indiquer ci-après quelques-unes des expositions collectives auxquelles elle a participé (plus de 80) : Ostende, Salzbourg, Prüm, Esch-sur-Alzette, Saarbrücken, Paris, Bruxelles, Anvers, Baden-Baden, Finlande, Berlin, Differdange, Coblence, Taiwan, Cologne, Gütersloh, Moscou, Chamalières, Steinsel, Diekirch, ainsi que dans le cadre de l’exposition «Les lauréats du Prix Grand-Duc Adolphe de 1946 à nos jours».

Cette exposition de gravures est encore visible au CAW, ce jeudi et vendredis de 15 à 19 heures et le samedi et dimanche, de 14 à 18 heures Sur le site de la Galerie vous trouverez également toutes les informations nécessaires.