C’est une première : Des listes de candidats de l’OGBL aux élections sociales dans le secteur de la boulangerie-pâtisserie
Il faut des salaires plus élevés, de meilleures conditions de travail et des conventions collectives
Pour la première fois, lors des élections des délégations du personnel, l'OGBL présentera, le 12 mars prochain, ses propres listes de candidats dans le secteur de la boulangerie et de la pâtisserie. Milena Steinmetzer, secrétaire centrale adjointe du syndicat dans le secteur alimentaire, y voit un bon signe, car jusqu'à présent, il n'y avait que des listes «neutres» dans ce secteur.
Cela s'explique par le fait que les patrons ne voient pas le syndicat d'un bon œil, car ils trouvent un avantage à ne pas être obligés de négocier avec un syndicat fort. Résultat : dans le secteur de la boulangerie et de la pâtisserie, l'exploitation des salariés est plus importante que dans les autres secteurs où il existe des conventions collectives.
C'est aussi parce que les problèmes de droit du travail auxquels sont confrontés entre-temps de nombreux salariés sont devenus plus importants que suffisamment de salariés – hommes et femmes – ont sans doute trouvé le courage de se porter candidats pour l'OGBL lors des élections sociales. Car avoir un syndicat fort derrière soi, c'est une bonne condition pour faire valoir ses droits et obtenir de meilleures conditions de travail et des salaires plus élevés.
C'est ce qui a permis à l'OGBL de se présenter aux élections sociales avec des listes de candidats chez les entreprises Fischer, Oberweis, Hoffmann, Namur, Jos & Jean-Marie, Mosella et Pains & Traditions.
Un travail difficile, mais un salaire bas
Anne Hubert, candidate de l'OGBL chez Oberweis, résume la situation : «Un des grands problèmes des collègues sont les petits salaires. Beaucoup d'entre eux, bien qu'ils soient depuis longtemps dans l'entreprise et qu'ils effectuent de plus en plus de travaux pénibles en raison du manque de personnel, ne reçoivent que le salaire minimum, de sorte qu'ils ont beaucoup de mal à boucler les fins de mois en raison du renchérissement continu.
Nous constatons que dans de nombreux cas, les collègues ne touchent que le salaire minimum, même s'ils ont 15 ans d'ancienneté ou plus et que leur expérience en fait des travailleurs qualifiés, même s'ils n'ont pas de diplôme. Mais cette qualification dont profite l'entreprise ne se reflète pas dans le salaire.»
La qualification doit être prise en compte !
«En tant qu'OGBL, nous demandons et voulons nous engager pour que la qualification soit prise en compte, non pas par des primes que l'on peut résilier à tout moment, mais par de véritables augmentations de salaire, fixées à l'avenir dans une grille de salaire qui nous fait défaut aujourd’hui. D'ailleurs, notre première revendication est que les salariés d'Oberweis obtiennent une convention collective dans laquelle les temps de repos, les heures supplémentaires et les congés soient également consignés par écrit et que le patron doit s'y tenir.»
Renna Filippo, délégué du personnel chez Namur depuis 15 ans, abonde dans le même sens : «Nous avons besoin d'un OGBL fort derrière nous si nous voulons obtenir des améliorations pour les collègues et une convention collective.
Les salaires sont trop bas pour le travail manuel pénible qui est effectué, les heures supplémentaires ne sont souvent pas payées et beaucoup n'ont pas vu d'augmentation de salaire depuis 20 ans, si l'on excepte l'index.»
Des investissements sont nécessaires
pour réduire le travail manuel
«En tant que salariés, nous avons bien sûr intérêt à ce que l'entreprise fonctionne bien, mais nous constatons que le parc de machines est en partie obsolète et qu'il n'y a pas assez d'investissements dans de nouvelles machines modernes qui exigent moins de travail manuel pénible – et cela concerne plus d’une entreprise du secteur de la boulangerie et de la pâtisserie.
Les salariés payent cela par des problèmes de santé, des douleurs au niveau des articulations, du dos et des épaules. Les conséquences sont des arrêts maladie lorsque cela ne va plus. Si les primes se limitent alors à des primes de présence, cela a immédiatement des répercussions négatives sur le salaire.
Je me range donc à l'avis de la collègue Anne Hubert : nous avons absolument besoin d'une convention collective qui fixe nos conditions de travail, les temps de repos, les heures supplémentaires, les horaires de travail en général, les congés, les salaires et tout le reste, de sorte que nous ne soyons pas exposés à l'arbitraire.
Si nos collègues de travail le veulent aussi, ils doivent voter le 12 mars pour les candidats de l'OGBL.»
Ce qu'il faut, c'est des conventions collectives, de préférence
une convention collective sectorielle
Milena Steinmetzer, qui a été plus qu'occupée ces derniers mois pour la constitution des listes de candidats, se réjouit naturellement que – malgré les circonstances difficiles – tant de collègues aient accepté de devenir candidats de l'OGBL, tout en sachant que cela ne leur vaudra pas de points supplémentaires auprès du patronat.
La secrétaire centrale adjointe de l'OGBL souligne «que la première priorité du syndicat, si ses candidats sont élus, sera de demander des négociations pour la mise en place de conventions collectives, voire même, dans le meilleur des cas, d'une convention collective sectorielle qui régira les salaires et les conditions de travail dans l'ensemble du secteur. Car dans les secteurs où il y a des conventions collectives, les salaires sont généralement plus élevés et les conditions de travail meilleures. C'est précisément pour cette raison qu'un changement doit avoir lieu le 12 mars dans le secteur de la boulangerie et de la pâtisserie. Les salariés ont les cartes en main.»
L'interview a été réalisée par Ali Ruckert