Pablo Picasso
Enfance et famille
Pablo Picasso naît au 36 place de la Merced (aujourd’hui n° 15) à Málaga. Il est le premier enfant de Don José Ruiz-Blasco, alors professeur de peinture à l’école provinciale des Arts et métiers de la ville dite « San Telmo », et de Maria Picasso-Lopez. Son nom complet est Pablo Diego José Francisco de Paula Juan Nepomuceno María de los Remedios Cipriano de la Santísima Trinidad Mártir Patricio Ruiz y Picasso. Le nom de Picasso, qui n’est pas en fait très espagnol, serait selon certains auteurs d’origine italienne. Un de ses arrière-grand-pères est né à Sori dans la région de Gênes. Selon Robert Maillard en revanche la famille ne serait pas originaire d’Italie. Pablo avait deux sœurs mais aucun frère.
En 1891, le musée provincial de Malaga, dont José Ruiz Picasso était le conservateur, ferme ses portes, ce qui oblige le père à trouver d’autres moyens de subsistance. La famille déménage à La Corogne et José Ruiz Picasso occupe un poste de professeur à l’institut Da Guarda. Don José est ensuite nommé professeur à La Lonja de Barcelone, en 1895.
Le peintre débutant
Picasso, encouragé par son père qui lui accorde toute confiance, peint ses tous premiers tableaux à l’âge de huit ans, son préféré étant le Petit picador jaune (1889), sa première peinture à l’huile, dont il refusera toujours de se séparer. Pendant l’été 1895, Pablo découvre Madrid et Barcelone et passe ses vacances à Malaga et revient par la mer à Barcelone. À cette occasion, il réalise des marines du voyage. C’est durant l’hiver 1895, qu’il peint sa première grande toile académique : la Première Communion. Cette même année, il entre à l’école des Beaux-Arts de Barcelone. Il signe ses premières œuvres Ruiz-Picasso avant d’opter pour P.R-Picasso puis définitivement pour Picasso en 1901 à cause de l’étrangeté du nom et de la consonance ss peu commune en espagnol.
Après son départ pour Barcelone en 1896, il est reçu à l’École de La Longa, où enseigne son père, ayant exécuté en un jour le sujet de l’examen pour lequel on laisse généralement un mois aux candidats. C’est en 1896, qu’il peint « L’Enfant de chœur ». Don José lui loue alors un atelier rue de la Plata où il peint Science et Charité (1896), l’une de ses plus importantes toiles d’enfance. Pour cette œuvre, son père a imaginé la composition qui représente une malade couchée sur un grabat, assistée d’un docteur (Picasso réalisera le portrait de son père) et d’une religieuse. Ce tableau reçoit à l’exposition des Beaux-Arts de Madrid une mention honorifique
En septembre 1897, Picasso part étudier à Madrid et réussit en octobre le concours d’entrée à l’académie royale de San Fernando. Cependant l’enseignement de l’institution ne lui plaît pas et il renonce à suivre les cours. En juin 1898, il retourne à Barcelone, puis part pour Horta, le village de son ami Pallarès, situé près de la ville de Gandesa où il partage la vie des paysans. Plus tard, il dira « Tout ce que je sais, je l’ai appris dans le village de Pallarès ». En avril 1899, il est de nouveau de retour à Barcelone, où il s’installe au no 1, rue des Escudillers. Picasso fréquente alors le cabaret Els Quatre Gats, cabaret phare de la bohème, créé en référence au Chat Noir de Paris. Là, il rencontre notamment Miguel Utrillo, et se lie d’amitié avec le poète Jaime Sabartés, Carlos Casagemas, le peintre Opisso, le sculpteur Julio Gonzalez. Une exposition de ses peintures se tient dans le cabaret le 1er février 1900.
Picasso part, avec Casagemas dont il est très proche, pour Paris où il s’installe dans l’atelier du peintre Nonell à Montmartre. Picasso s’y imprègne de l’atmosphère du Moulin de la Galette et rencontre le marchand Pedro Mañach ainsi que Berthe Weill qui lui achète trois scènes de tauromachie, les premières toiles qu’il vend à Paris. Il vend également quelques pastels à des amateurs. Il rentre à Barcelone le 20 décembre, avec Casagemas que Picasso emmène avec lui jusqu’à Malaga pour le sortir de sa mélancolie. À la mi-janvier 1901, Picasso part pour Madrid. Le 17 février, Casagemas, après avoir tenté de tuer son amante Germaine qui était une danseuse volage du Moulin rouge, se suicide à Paris. Picasso, bouleversé par la mort de son ami peindra un tableau clé La Mort de Casegemas dont il dira qu’il a conditionné grandement son passage à la période bleue, empreinte de douleur, tristesse et faisant référence aux grands maîtres espagnols. En avril 1901, il retourne à Barcelone, puis, en mai, il repart à Paris et s’installe au 130 ter, boulevard de Clichy chez Pedro Mañach qui le loge pendant quelques mois dans son appartement personnel et lui offre un salaire.
Cubisme
De 1907 à 1914, il réalise avec Georges Braque des peintures qui seront appelées « cubistes ». Elles sont caractérisées par une recherche sur la géométrie et les formes représentées : tous les objets se retrouvent divisés et réduits en formes géométriques simples, souvent des carrés. Cela signifie en fait qu’un objet n’est pas représenté tel qu’il apparaît visiblement, mais par des codes correspondant à sa réalité connue. Le cubisme consiste aussi à représenter sur une toile en deux dimensions un objet de l’espace. Picasso décompose l’image en multiples facettes (ou cubes, d’où le nom de cubisme) et détruit les formes du réel pour plonger dans des figures parfois étranges (comme une figure représentée sur une moitié de face, et sur l’autre de côté ). Cette technique, initiée par Picasso et Braque, fit de nombreux émules tels que Juan Gris, Francis Picabia, Brancusi, les Delaunay, Albert Gleizes.
L’œuvre fondatrice du cubisme est Les Demoiselles d’Avignon. Cette peinture fut commencée pendant l’hiver 1906-1907, et achevée début juillet 1907.
Au début de l’été, Daniel-Henry Kahnweiler fait une première visite au Bateau-Lavoir. En octobre, a lieu une rétrospective Cézanne au Salon d’automne. Pendant l’hiver 1908, Picasso peint L’Amitié (Leningrad, Ermitage), Nu debout (Boston, Fine Arts Museum). Il séjourne à la Rue-des-Bois, village à 60 km au nord de Paris, durant l’été et en octobre, il propose la version définitive des Trois femmes (Leningrad, Ermitage).
En mai 1909, Picasso va à Barcelone, et à Horta de Ebro avec Fernande Olivier. Là, il peint les Paysages (New York, MoMA) . À Paris, en septembre, il déménage au 11 boulevard de Clichy, et réalise des sculptures : Tête de Fernande (Paris, Musée Picasso). En 1910, il fait les portraits d’Ambroise Vollard (Moscou, Musée Pouchkine), de Uhde (St.Louis, Collection Pulitzer) et de Daniel-Henry Kahnweiler (Chicago, Art Institute). Picasso part pour Céret, village de Catalogne française, dans les Pyrénées-Orientales, en juillet 1911. Fernande Olivier et Braque le rejoignent en août. Le 5 septembre, il rentre à Paris. Picasso est absent de la salle cubiste au Salon d’automne qui commence le 1er octobre.
À l’automne, entre dans sa vie, Eva Gouel, qu’il appelle « Ma jolie » dans plusieurs de ses toiles.
Les premiers collages et les premiers assemblages sont réalisés pendant l’hiver 1912, Nature morte à la chaise cannée (Paris, Musée Picasso), Guitare(s) en carton (Paris, Musée Picasso). Le 18 mai, il part de Céret pour Avignon et le 25 juin s’installe à Sorgues. Il déménage 242 boulevard Raspail. Picasso et Daniel-Henry Kahnweiler signent le 18 décembre une lettre-contrat. Vers le 10 mars 1913, il retourne avec Eva Gouel, souffrante, à Céret où ils séjournent tout l’été. Le Verre d’absinthe est peint au printemps 1914. Après le départ pour Avignon, en juin, il fait un retour au portrait, en juillet. Éva meurt le 14 décembre 1915.
Trois formes de cubisme émergent : le précubisme, ou cubisme cézannien, le cubisme analytique et le cubisme synthétique.
Les Ballets russes
Pendant la Première Guerre mondiale, Picasso séjourne à Rome avec Jean Cocteau, à partir du 17 février 1916. Il s’installe Via Margutta, d’où il voit la Villa Médicis. Outre de nombreux portraits dessinés, il peint L’Italienne, L’Arlequin et femme au collier. En mai, Cocteau présente Diaghilev à Picasso. Il travaille comme décorateur pour le ballet Parade de Léonide Massine et les Ballets russes de Serge de Diaghilev, sur une musique d’Erik Satie. Il rencontre Stravinski et la danseuse Olga Khokhlova qui devint sa femme. Dans une veine décorative, Picasso réalisa plusieurs portraits d’elle et de leur fils (Paul en Pierrot en 1925).
Fin mars 1917, il voyage à Naples et à Pompei et revient à Paris, fin avril. Le 18 mai, la première de Parade a lieu au Châtelet. Puis en juin, Picasso part pour Madrid avec la troupe de Diaghilev et Olga, et le 12 juillet, un banquet est offert en son honneur à Barcelone.
Du 23 janvier au 15 février 1918, Picasso expose avec Matisse chez Paul Guillaume. Il se marie avec Olga à l’église russe de Paris, le 12 juillet. Cocteau, Max Jacob et Apollinaire sont les témoins. Pendant un séjour à Biarritz, il peint Les baigneuses (Paris, Musée Picasso).
Engagement au parti communiste
Après la Seconde Guerre mondiale, ses tableaux deviennent plus optimistes, plus gais, montrant, comme l’indique le titre d’un tableau de 1946, la Joie de vivre qu’il ressent alors. Picasso adhère, le 5 octobre 1944, au Parti communiste français (PCF) et publie un article dans l’Humanité le 29-30 octobre 1944 intitulé « Pourquoi j’ai adhéré au parti communiste » dans lequel il explique que son engagement personnel date de la période de la Guerre d’Espagne, renforcé par la lutte des résistants communistes français durant la guerre qui vient de s’achever, et qu’il ne lui suffit plus de lutter avec ses peintures « révolutionnaires » mais de « tout [lui]-même » adhérant à l’idéal communiste de progrès et de bonheur de l’homme. S’il se sent proche des idéaux du parti, il n’en sera jamais un membre actif, gardant sa totale liberté d’expression et prenant positions principalement à travers ses tableaux dénonçant notamment la Guerre de Corée en 1951 et prônant la Paix contre la Guerre dans de nombreuses œuvres. Picasso sera même en butte à de nombreux conflits avec les dirigeants du PCF, notamment quant à un portrait de Joseph Staline en 1953.
Période de Vallauris
Le 17 août 1957, il commence le travail sur Les Ménines (Barcelone, Musée Picasso). Le 29 mars 1958 a lieu la présentation de la décoration pour l’UNESCO : La Chute d’Icare. En septembre, Picasso achète le château de Vauvenargues dans lequel il emménage l’année suivante déclarant à son ami et marchand étonné Daniel-Henry Kahnweiler : « J’ai acheté la Sainte-Victoire de Cézanne. Laquelle ?. La vraie ». Il peint La Baie de Cannes.
Les premiers dessins d’après Le Déjeuner sur l’herbe de Manet sont faits le 10 août 1959.
L’inauguration de la rétrospective au Grand Palais et au Petit Palais se déroule le 19 novembre 1966. Au printemps 1967, Picasso est expulsé de son atelier de la rue des Grands-Augustins[réf. nécessaire]. En janvier 1970, le Musée Picasso de Barcelone reçoit la donation des œuvres conservées par sa famille. Une exposition se déroule au Palais des Papes d’Avignon de mai à octobre. En avril 1971, la galerie Louise Leiris expose les 194 dessins réalisés entre le 15 décembre 1969 et le 12 janvier 1971. Nouvelle exposition à la galerie Louise Leiris, en janvier 1973, qui montre cette fois les 156 gravures réalisées entre fin 1970 et mars 1972.
Picasso décède le 8 avril 1973 d’une embolie pulmonaire et est enterré dans le parc du château de Vauvenargues dans les Bouches-du-Rhône sur le choix de Jacqueline Picasso et Paulo Picasso après que la mairie de Mougins a refusé l’inhumation sur sa commune. Jacqueline Roque sera elle même plus tard enterrée au côté de Picasso en 1986.
Momo