Leitartikel

Unser Leitartikel : Quand arrêteront-ils de se moquer des gens ?

de

A en croire les données de l’Eurobaromètre sur la pauvreté et l’exclusion sociale publié en octobre dernier, près de 80 millions d’Européens, soit 16% de la population totale, vivent en dessous du seuil de pauvreté. Et les Européens ne sont pas dupes, 73% des personnes interrogées estiment que la pauvreté est très répandue dans leur pays, et que les causes principales, selon eux, sont le taux élevé de chômage (52%), des salaires trop bas (49%), des retraites trop basses (29%). Pour 67% des Européens (86% au Luxembourg,) un autre facteur de pauvreté est le coût trop élevé des logements.

Il faut être conscient qu’aujourd’hui, au Luxembourg, si 47%de la population arrive encore à »joindre les deux bouts« facilement, il y en a 46% qui n’y arrive plus que moyennement et 5% difficilement.

Et que fait l’Union européenne (UE) face à une telle situation ? Faire de 2010, l’Année européenne de la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, avec une vaste campagne d’information et de sensibilisation. On croit rêver ! Mais pour qui nous prennent-ils ?

Comment peut-on être aussi hypocrites ! D’abord l’UE applique des politiques économiques néolibérales sauvages ayant pour unique objectif de favoriser le patronat et le capital, sans se soucier le moins du monde des effets désastreux que celles-ci auront sur les travailleurs (précarité (flexsécurité), délocalisations, etc.) De plus, à ces politiques, l’UE associe une politique d’austérité au niveau social qui se traduit par des réductions sensibles de tous les budgets en la matière, et elle incite au relèvement de l’âge de la retraite, une manière déguisée d’épargner sur le dos des travailleurs, qui contribueront encore plus, et récupérerons toujours moins. Mais le comble, c’est qu’après elle va vers les victimes de ses politiques avec une vaste campagne d’information et de sensibilisation sur la pauvreté et l’exclusion sociale. Ce qu’elle doit faire pour changer cet état de choses, c’est changer de cap, changer de système, et appliquer des politiques qui servent les gens et non le capital.

Il est clair que le budget de 181.890 € destiné aux 4 »priorités« et autres activités qui seront réalisées au Luxembourg dans le cadre de cette année de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, comparé aux 180 millions d’euros destinés à l’achat de l’avion de transport militaire A400M, et surtout, aux 2,3 milliards d’euros du denier public offerts gracieusement aux banques pour se refaire une santé, est vraiment à la mesure de ceux à qui toute cette campagne est censée bénéficier.

A propos de la lutte contre la pauvreté, il y a déjà un précédant avec les Objectifs du Millénaire. Comme d’habitude, beaucoup de belles paroles, beaucoup de belles promesses, mais qui sait quand ces objectifs seront atteints ?

 »Comment peut-on trouver aussi facilement 1.000 milliards de dollars, trois fois rien, 730 milliards d’euros, pour renflouer des établissements financiers américains et européens quand on peine à rassembler 30 milliards de dollars annuels pour doubler la production alimentaire, et rassasier une planète qui comptera plus de 9 milliards d’individus en 2050 ? 30 milliards de dollars, c’est 2,5% des dépenses militaires dans le monde« disait Jacques Diouf, directeur général de la FAO, en novembre dernier à l’occasion du Sommet mondial sur la sécurité alimentaire.

L’éradication de la pauvreté en Europe et dans le monde n’est pas une question de pouvoir mais bien de vouloir !

Ivano Iogna Prat