Leitartikel

Unser Leitartikel : Inqualifiable et intolérable

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Si les mots manquent déjà pour qualifier la croissance permanente de la pauvreté dans le monde en général, et dans le Sud en particulier, comment pourrait-on en trouver pour qualifier la croissance de la pauvreté au Luxembourg, le pays au PIB par habitant, le plus élevé du monde.
La pauvreté n’est pas due à la fatalité, ni le fruit du hasard. Il est clair que le système capitaliste, dont l’objectif était de garantir au »Nord« un niveau de vie élevé au dépend du »Sud« , n’est plus en mesure de le faire, cette minorité de privilégiés se réduisant chaque jour un peu plus.

Le thème de la pauvreté au Luxembourg est revenu au devant de la scène à l’occasion de la création des »épiceries sociales« , dont la seconde a été inaugurée lundi à Differdange et dont d’autres devraient bientôt voir le jour à Luxembourg ainsi que dans le Nord.

Il n’y a rien de plus logique que des organisations telles que la Croix-Rouge et la Caritas cherchent à venir en aide aux plus démunis. Et, si cette initiative permet, outre d’aider les personnes en détresse, d’une part, d’éviter le gaspillage de produits alimentaires et, de l’autre, d’offrir un job à quelques chômeurs, on ne peut que s’en réjouir. Ce qui, par contre, est plus préoccupant, c’est que selon les dire de Erny Gillen, président de la Caritas, cette aide est limitée dans le temps, à »trois ou six mois, le temps que le bénéficiaire se remette sur pied« . On ne peut donc s’empêcher de s’interroger sur ce qu’il adviendra à une personne qui, en ce laps de temps, n’aura pas réussi à sortir de ses difficultés matérielles ?
Car aujourd’hui, avec la crise actuelle, dont personne n’est en mesure de dire, ni quand elle s’achèvera, ni comment elle s’achèvera, et avec le chômage qui ne cesse de s’accroître et les prix qui ne cessent de grimper, sortir de ce type de situation tient véritablement de la gageure. Au contraire, on constate que, tant au Luxembourg, que dans le reste du monde, la file des exclus s’allonge toujours plus.

Ce qui est vraiment intolérable, c’est d’entendre Marie-Josée Jacobs, la ministre de la Famille, dire que le projet des »épiceries sociales« est »un élément important pour éviter l’exclusion« et, que »le gouvernement soutien ce projet en payant un salarié qui s’occupe de la redistribution des produits au niveau de la centrale de distribution de la Croix-Rouge« .

Car, pour vraiment éviter l’exclusion d’un nombre toujours plus importants de personnes, le gouvernement devrait, avant tout, cesser d’appliquer des politiques qui réduisent le pouvoir d’achat de la population (manipulation de l’index, démontage social, etc.). Il devrait interdire l’existence de contrats de travail qui créent les situations de précarité (flexisécurité). Il devrait également mettre en place un barème de loyers, avec des loyers plafonnés en fonction de la surface, ce qui faciliterait l’accès au logement à bon nombre de ces personnes. Il devrait consacrer, les plus de 180 millions d’euros qu’il destine à l’achat d’un avion militaire, à financer des mesures sociales destinées, notamment, aux exclus du système.

Ce qui est également intolérable, c’est qu’un gouvernement qui trouve des milliards pour »sauver« les banques, n’ait pas été capable de prendre les mesures qui s’imposaient afin d’éviter que plus de 65.000 personnes se retrouvent sous le seuil de risque de pauvreté !
 »Nul ne peut servir deux maitres en même temps« ... Et le capital est un maitre exigeant !

Ivano Iogna Prat