Kultur28. August 2021

Réflexions 2021

Aucun écrivain, poète, peintre ou autre artiste contemporain ne peut vraiment prétendre à une originalité ou créativité complète. Tous sont plus ou moins directement ou subconsciemment redevables à tous ceux qui les ont précédés. Tenez : je tiens depuis des années une liste de mes réflexions que je pense originales, et il arrive même que mon journal en publie quelques-unes. Or, en me corrigeant, j'en ai découverte juste à temps une qui avait déjà été formulée par d’autres. Lorsque j'avais 20 ans, je pensais avoir tout à dire, et il m'a fallu un demi-siècle pour comprendre, qu'à l'exception des sciences et techniques de pointe, l’essentiel a sans doute déjà été pensé, dit ou écrit.

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Effectivement, durant les 10.000 dernières années de l’humanité, toutes civilisations confondues, d’une manière ou de l’autre, toute pensée essentielle a déjà été conçue et fut par conséquent déjà dite ou écrite. Sommes-nous devenus plus sages pour autant ? Pas vraiment, non, mais continuer à semer permet de continuer à espérer.

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Quelqu’un découvrit un jour, que le bonheur est comme le roi dans son cortège. On l'attend longtemps, l’aperçoit un moment et déjà on ne le voit plus que de dos. Nombreux sont ceux qui l’ont compris, mais continuent pourtant à attendre ce qui est déjà derrière eux.

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Le temps : 2 paradoxes

1er paradoxe : Puisqu’il est passé, le passé est derrière moi, tout comme, lorsque j’avance, mon dos vient après ma poitrine. Mais justement pour cela qu'il ne vient qu'après le reste, il n’est pas encore venu, donc viendra, appartient au futur, est censé suivre, arriver, avoir encore lieu. Il appert donc que le passé est aussi le futur.

2d paradoxe : Le présent, seul bout de temps où l’on vit réellement, puisque le futur doit encore se vivre et le passé ne se vit plus, on n’a pas le temps de vivre, puisqu’à peine surgi du futur il est déjà passé. À l’instar du point géométrique, purement théorique, car infiniment petit, le présent n'existe pratiquement pas.

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Alors, puisque, de toute façon, le présent n'existe qu'en tant qu'illusion, c'est-à-dire comme un infiniment bref point ou instant de transition entre futur et passé, le bonheur ou ce qu'on pense subjectivement avoir été tel, n'en est jamais que le simple souvenir.

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Ah ce fichu temps ! Il ne se contente pas de fuir, mais use tout en passant, l'air de rien et sans respect aucun de l'air du temps.

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Laïcité

Quand viendra-t-il le jour, où nous ne serons plus,
juifs, cathos, muslims, ou autres bigots prosélytes
prêchant les belles légendes venues du fond des temps,
mais des femmes et des hommes suivant en privé,
leur religion ou autre de leurs us sacrés,
comme tout intime besoin ne regardant qu’eux seuls,
hors du regard public, ni surtout en imposer
foi, usage ou pratique à ceux qui ne le veulent ?

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À trop s’asseoir sur ses lauriers, on finit tôt ou tard dans les ronciers.

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Force est de constater en ces premières décades du XXI. siècle, que la plupart des dirigeants du monde ne vivent et n'agissent qu’en fonction des règles du grand capital, c’est à dire en mots pauvres : du fric. L’être humain passe toujours en second. La nature, la biodiversité, donc le climat, donc l’existence même de leurs propres enfants, ont bien moins d'importance. Ils sont par conséquent complices d’un véritable génocide rampant.

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Sempiternelle inquiétude de l’homme depuis qu’il pense et sait qu’il est, qu’il existe : «La vie a-t-elle un sens ?» Réponse : peut-être bien. La vie a et est tout à la fois son propre sens et sa propre justification. Tout le reste n’est que prétention et arrogance humaine.

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Un tableau figuratif est non seulement fait pour être vu, mais pour donner à voir, donc pour s'ouvrir aux yeux et à l’esprit de son spectateur, comme une fenêtre sur la scène qu'a voulu représenter l'artiste et dans laquelle le spectateur est invité à pénétrer, non pour passivement l’adopter telle que l’a conçue l’artiste, ni même pour seulement en jouir, mais afin d'en devenir lui-même acteur.

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Triste dualisme entre la liberté du vivre et laisser vivre versus la servitude croire et vouloir imposer la servitude de sa croyance à autrui !

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Islamistes

Raison d’être connue des croyances révélées,
c'est qu'elles veulent dispenser l’être humain de penser.
S’il y eut des Ibn Khaldoun et des saint Augustin,
les sols islamistes n’en reçurent pas un grain.

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Capitalisme néocolonial

La France fut championne du monde 2018 de foot ! Il y en a qui parlent en rigolant d’une victoire africaine, à cause du grand nombre de noirs jouant dans leur équipe nationale. Ils pensent faire de l’humour.

Mais lorsqu’aucune équipe africaine ne s’est que tant soit peu distinguée, cela revêt une valeur symbolique énorme, qui illustre merveilleusement la tragédie actuelle de l'Afrique noire. À de rares exceptions près, ses ressortissants ne peuvent, dirait-on, s'épanouir, briller, exceller, atteindre parfois des sommets, que hors d'Afrique.

Le fait est, que l'organisation sociale, culturelle et surtout politique y est la plupart du temps complètement déchirée par le tribalisme, pourrie et corrompue. Depuis l’assassinat de Lumumba (et pour cause...), presque chaque fois qu'un politicien honnête essaie d'y prendre les choses en main, les multinationales qui sucent les richesses africaines le font tomber (souvent avec l'appui de leurs gouvernements) et remplacer par des marionnettes véreuses qui deviennent milliardaires avec toute leur smala, tandis que le reste du peuple, privé de toute chance de s'élever en Afrique même, crève la faim ou émigre.

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La béatitude oubliée

(Bien) heureux ceux qui peuvent croire qu’il suffise de croire à quoi que ce soit, pour que quoi que ce «soit» soit !

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Maturité

Je sus avoir atteint une certaine sagesse, la première fois que j’entrai dans un autobus bondé sans me sentir vexé de voir une dame se lever pour me céder la place.

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Être agnostique, c’est croire en Dieu, mais pas aux balivernes des charlatans qui prétendent être ses confidents et le représenter.

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Le mensonge d'un individu est un mensonge, le mensonge d'un groupe une croyance, le mensonge d'une multitude une religion.

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Comment faire comprendre aux inféodés à une religion, qu'adhérer aveuglement à sa fabrication humaine dévalorise le principe même du dieu auquel il est légitime de croire ?

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La religion vaut autant que la corne de rhinocéros dont on a démontré scientifiquement que son unique propriété curative réside dans l’autosuggestion des crédules. On la désigne aussi par le mot passe-partout de «foi» en l’une ou l’autre divinité.

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La plupart des religions, dont celles "du Livre", sont la mise en musique ou interprétation par des hommes (N.B. : jamais des femmes) de ce que ces hommes voulaient que soit la volonté de Dieu dans le sens qui leur convenait.

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La religion est un moyen d'assujettir l'être humain, qui ne comprend pas le possible et incompréhensible, à celui qui prétend le connaître, le comprendre, ou en être inspiré, voire mandaté. Pratiquée honnêtement elle peut être une consolation provisoire (l’opium cité par Karl Marx) ; imposée à autrui et exploitée politiquement elle devient plaie et source des pires déboires, frictions, guerres et infinis malheurs.

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Les religions sont des systèmes permettant à des individus ou groupes d'autoproclamés représentants de Dieu d'exercer leur pouvoir spirituel, moral, sociétal et, si possible, politique sur le peuple en l'abêtissant à coups de solutions simplistes et illusoires apportées à ses problèmes existentiels, jusqu'à l'en rendre dépendant. Elles constituent la première plaie de l'humanité.

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Quant à moi je pense, un peu comme Spinoza et son «Deus sive Natura» que, si le Créateur existe, il est la nature dans son ensemble.